vendredi 12 février 2010

le poids du plaisir

on s'attend souvent à payer pour le plaisir qu'on prend. Vieille croyance judéo-chrétienne ?
Quand on prend trop de plaisir à manger, on prend du poids. Et quand on prend du plaisir à materner ? Elisabeth Badinter, dans une interview accordée à "Libération", parle de nos pratiques réactionnaires. En lisant ses propos rapportés, je pense au poids de la maternité non désirée, au poids des enfants qui empêcheraient de vivre. Au poids des responsabilités. Pesant, pesant, pesant ... tout ça. De quoi ne plus pouvoir tenir debout ?
Au fond, je prendrais bien ce poids si j'en ai pour mon compte de plaisir, si j'ai une bonne part de gâteau. Quand j'attendais des bébés qui ne venaient pas, j'aurais bien troqué tout ce poids contre le plaisir que j'imaginais. Ce que je n'imaginais pas, c'est que ce plaisir serait cent fois, mille fois plus grand que tout ce dont j'avais rêvé. Ce que je n'imaginais pas, c'est que la grossesse, l'accouchement, la naissance iraient bien au-delà de mes espérances. Oui, c'était bien ma quête, mon Saint Graal. La grande coupe qui ouvre par dessus le monde et fait voir l'univers tout entier, ouvre sur les plus grands mystères et nous fait nous sentir BIEN au monde. Dans la maternité je me suis rencontrée, je me suis retrouvée, et j'ai aimé comme jamais je n'avais aimé.
Avec mes filles, j'ai découvert de nouveaux mondes, emprunté de nouveaux chemins, et je sens bien que tout cela ne fait que commencer. Mes enfants, loin d'être un poids, sont une énergie qui m'allège - de mes idées préconçues, de mes croyances limitantes, et d'une vision du monde trop étroite. Avec elles, je sors du cadre, mon monde s'est agrandi, mes apprentissages se sont accélérés, mon amour s'est décuplé. J'avançais à pied, depuis qu'elles sont là c'est comme si j'avais mis des bottes de 7 lieues pour gravir ma montagne personnelle.
Et puis l'allaitement, n'en déplaise aux grincheux, c'est un bon vieux truc de paresseuse radine. Pas besoin de faire des courses, d'enrichir les industries agro alimentaire et plastique, de préparer des biberons, de se poser mille questions sur le BPA et l'alimentation des vaches à lait. On voyage léger et serein, la nourriture est là, tout contre le coeur, disponible à tout moment, à bonne température et à qualité idéale. Mes filles, je les balade, elles découvrent le monde avec moi, elles aiment les musées, les jardins, et mêmes les rendes-vous professionnels.
Alors elle n'est pas belle la vie ?

10 commentaires:

  1. j ai trouvé bien triste l interview de badinter, est elle trop vieille ?
    MB.

    RépondreSupprimer
  2. j ai écouté son interview sur france inter, qui m a paru plus mesurée. Je crois comme elle que la crise a entrainé un repli vers les valeurs familiales, mais je ne suis pas certaine que ce soit un mal. Se rendre compte comme un enfant est précieux et le rôle qu on peut jouer pour aider à forger un être humain digne responsable et capable d être aimé à son tour, ça me semble une bien belle mission. Et c est vrai qu elle peut paraître d autant + belle que le monde du travail est devenu très très dur, même quand on en a, du travail.
    En revanche je ne comprends pas son combat contre les couches lavables, car chez tout le monde en France, c est bien la machine à laver qui s en charge et pas les petites mains des mères. D autant qu elle omet les produits chimiques même pas décrits sur la notice des couches en papier.
    Idem pour les petits pots, chez nous y a pas de petits pots car on mange tous la meme chose, du coup je mets moins de sel pour tout le monde et voilà. ça ne me semble pas représenter une sur charge de travail, les petits aiment picorer avec leurs mains ce qu on mange, et les repas sont conviviaux.
    Ce qu elle ne mentionne pas non plus, c est que, même 6 mois d allaitement, ça reste peu sur toute la durée dune vie, d autant qu on a rarement plus de 3 enfants. Idem pour le cododo, il peut se mesurer en semaines, en jours, en mois, chacun prenant son unité de mesure et posant ses limites. Je ne connais pas d enfant de 16 ans qui veuille dormir entre ses parents (mais peut etre cela existe ???)

    RépondreSupprimer
  3. je pense à autre chose. Si Elisabeth Badinter voulait susciter un débat sur la question, je trouve qu'elle a raison. Dans ce domaine, beaucoup de gens ont des certitudes mais qui a réfléchi profondément ? Pour cela simplement j aimerais lire son livre si j y avais accès gratuitement. Au moins histoire de me remettre en cause encore et encore.
    Et puis là où je la suis bien, c est sur l histoire de la bonne mère. Cela n est pas une question nouvelle et c est vrai qu il y a des diktats (qui changent au fil des générations) sur ce qu est une bonne mère. Pouvoir décider pour soi et les siens, avec eux, ce que c est d être bon les uns avec les autres, pour les autres, en conscience, avec SA conscience propre, ça me semble une fort bonne chose.

    RépondreSupprimer
  4. il me semble que le rôle de la mère est primordial et je suis d'accord sur le fait que l'allaitement maternel, outre tout le bien que j'en pense côté relationnel mère/enfant, est aussi une grande facilité offerte aux mères qui n'ont pas à se préoccuper de stériliser/préparer des biberons, acheter des boites de lait. Quel plaisir d'être immédiatement disponible pour son enfant, pas besoin de le laisser pleurer le temps de préparer le biberon, pas de risque de se tromper dans le dosage eau/poudre de lait/temps de réchauffage au MO. Et je suis d'accord avec vous, je ne connais pas d'ado qui a envie de partager le lit de ses parents !

    RépondreSupprimer
  5. ah ben voilà une interview que j'ai ratée...

    Des ados qui dorment avec leurs parents... il y en a !!! Malheureusement. Je vous accorde que c'est souvent dans des familles monoparentales, et les problèmes sont autres...

    La bonne mère? je n'en connait qu'une.. celle qui surplombe la ville de Marseille :-) Notre Dame de La Garde!

    Sinon, une chose dont je sois sure... faites ce que vous voulez, vous aurez faux quoiqu'il en soit (paraphrase de Freud en fait). Alors... se prendre la tête.. bof. Je le fais à l'instinct... même si mon instinct m'a fait dévorer Naouri (j'aime pas), Dolto (par petits bouts), toute la biblio de Rufo ou encore Winicott (j'aime)...

    Une autre chose... peu importe d'être une "bonne" mère. Il faut "juste" être une mère "suffisamment bonne". C'est différent. Et plus acceptable comme objectif. Plus atteignable, plus humain. et comme l'explique Winicott justement, je crois que c'est meilleur pour l'enfant que d'être une "bonne mère".

    Et de toute manière, nos enfants n'en auront qu'une de mère.... faudra bien qu'ils fassent avec :-)

    L'allaitement.. bien sûr c'est géant, pratique, une drogue douce... Maintenant, même si je ne l'ai pas expérimenté, je pense que l'on peut donner le bib avec autant d'amour et de complicité....

    Les repas... j'ai utilisé parfois les bleditrucmuche, même si je préférais préparer moi-même. Chez nous pas de sel, par goût. Alors pas de soucis pour Gwen. Mais longtemps elle n'a pas mangé comme nous... ses repas étant plus équilibrés que les notres :-) Ouf!

    Quant aux couches, je n'étais pas fana des couches lavables. Comme sur beaucoup de sujet, j'ai lu tout et son contraire côté écologie. Mais Gwen a fait des allergies sévères à 18 mois. Du coup... elle a été propre bien tôt :mdr!

    Enfin, oui un enfant est précieux.. et la mission que d'en faire un adulte équilibré est une belle mission, celle d'une vie entière. Que cela nous allège.. oh que oui. Cela nous rend fort, et nous aide à déplacer les montagnes. Est-ce nous qui les aidons à se construire? Pas si sure.. Je crois qu'eux aussi sont nos forgerons... Quelle énergie nous puisons en eux...qui sont censés nous la consommer. Que nenni!

    Gros bisous

    RépondreSupprimer
  6. oui je crois comme toi qu eux sont nos forgerons. Qu ils nous aident à grandir d une manière immense, énorme, et c est aussi contre ça que je pestais quand l enfant ne venait pas. Je voulais ABSOLUMENT vivre ça. winnicot j aime BEAUCOUP moi aussi. Les autres, connais pas. J aime beaucoup Isabelle Filliozat, par ailleurs. Je me suis bien retrouvée dans tous les livres que j ai lus d elle.
    Et OUI tu as sacrément raison, la seule bonne mère, avec l accent qui chante, c est celle qui surplombe MArseille !!
    mille bises et à bientôt, on passe te voir début juin si tu veux toujours de nous !

    RépondreSupprimer
  7. Je suis tout a fait d'accord. Les enfants nous apportent mille fois plus de plaisir qu'on ne l'a imaginé. Et ils nous font avancer à très grands pas...
    Et oui, j'allaite encore mon fils de 30 mois. Et oui, il est en couches lavables. Et non, je n'ai pas l'impression de m'être sacrifiée. Au contraire. Mon bonheur s'est décuplé.
    Ce qui me gène, avec Badinter, c'est qu'elle parle des pressions des mères pour être de "bonnes mères"... Mais, elle, dans son discours, que fait-elle, si ce n'est rajouter de la pression à la femme, pour être, aussi, une bonne femme qui va travailler ?

    RépondreSupprimer
  8. pour celles qui cherchaient l article de Libé : http://www.liberation.fr/vous/0101618366-la-femme-reduite-au-chimpanze

    RépondreSupprimer
  9. voir aussi http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2764

    RépondreSupprimer
  10. Etre mère c'est la grande aventure de ma vie, je le suis trois fois...depuis maintenant 22 ans... J'apprends sans cesse à ne pas me juger dans mes grosses bétises éducatives et à regarder tout le chemin parcouru grâce àtout mon amour et à ma volonté de me remettre en question. la vie et l'avenir de mes enfants ne sont pas réduits au fait qu'ils aient ou non été allaités... Mais quel bonheur j'ai eu à le faire et eux aussi, c'étaitflagrant..; Pourtant j'ai eu quelques crevasses et canaux bouchés... Mais tant pis...je voulais tellementle meilleur pour eux... trop parfoiismême. O.R.

    RépondreSupprimer