mardi 17 novembre 2009

Tout proche


"Vous dîtes : c'est fatigant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : parce qu'il faut se mettre à leur niveau, se baisser, s'incliner, se courber, se faire petit. Là, vous avez tort. Ce n'est pas cela qui fatigue le plus. C'est plutôt le fait d'être obligé de s'élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De s'étirer, de s'allonger, de se hisser sur la pointe des pieds. Pour ne pas les blesser." Janusz Korczak

Où sont les petits êtres à dresser dont on m'avait tant parlé ? Je n'ai que deux filles qui, chaque jour, m'apprennent à me tenir debout et me font grandir. Comme leurs réactions parlent aux miennes, comme elles font bouger l'enfant en moi ! Et puis leurs sourires, leur esprit de coopération, leur amour sans limites, tout cela m'enseigne et m'entraine à leur donner le meilleur. Il s'agit de les accompagner sur le chemin de la confiance, de l'amour, du respect, de la liberté. C'est une mission fatigante, c'est une mission presque impossible, mais c'est aussi, je crois, une mission essentielle, indispensable.
image olivier Föllmi

mercredi 11 novembre 2009

Te voici


"L'enfant qui naît n'est pas petit, mignon, charmant ! Il est une étincelle du feu divin, de cet amour infini qu'est la vie." Frédérick Leboyer, dans Célébrer la naissance, éditions Seuil.
Myrtille vient de s'endormir contre moi, elle sourit comme une bienheureuse et son souffle contre ma poitrine m'apaise et me comble. Plénitude du nouveau né, plénitude de sa mère ... Alors que je remplis un questionnaire sur l'accouchement, je retrouve cette plénitude originelle, celle de notre rencontre. A ce jour, je ne connais pas d'amour plus fort que celui qui me lie à mes filles. Non, je ne rêve pas d'un autre type d'accouchement, d'une maison de naissance ; oui, l'hôpital peut être un lieu merveilleux, il l'a été 2 fois déjà pour moi, pour nous. Non, je n'ai jamais eu trop peur, juste un peu parfois. Non, je n'ai jamais cru que je n'y arriverai pas, j'avais toutes mes grand-mères et les grand-mères de mes grand-mères et leur expérience avec moi. Oui, je me suis sentie submergée, je me suis laissée porter, et ce lacher prise a permis que je m'ouvre en totalité à la VIE qui jaillissait. Non, je ne voulais pas de péridurale, je voulais être avec mon enfant, tout le temps, pleinement consciente, pleinement présente. Je ne voulais pas qu'une seule de mes cellules manque cette expérience incroyable qu'est la naissance. Je voulais accompagner mon enfant, quoi qu'il m'en coûte, et j'ai eu la chance qu'il ne m'en coûte pas trop. Je ne connais rien de plus fort, rien de plus beau, rien de plus initiatique qu'une naissance. Je voulais vivre cette expérience. Pendant 8 ans je tempêtais qu'elle m'échappe, puis, enfin, elle est venue, la naissance d'un enfant VIVANT.
Voilà bientôt 2 ans que Pistache est née. Voilà bientôt 2 ans qu'elle fait route avec nous, et que nous faisons connaissance. Je fais à nouveau ce chemin avec vous en vous offrant les derniers mots du livre "Marie-Kerguelen"


Et puis le temps venu, la vie revint nous bercer d’espoir. Un bébé commençait à prendre chair. Bravant ma peur de souffrir, je décidai de tout lui consacrer. Je m’arrêtai de travailler. Je ne sortais presque pas de notre petit appartement. J’y vivais, non pas comme un otage, mais comme une religieuse cloitrée. Car j’aimais à nouveau, et j’étais pleine de ferveur. Les saisons passaient devant ma fenêtre – une belle fenêtre donnant sur un cèdre magnifique, un cèdre du Liban. Je profitais du temps qui m’était offert pour repasser les évènements de ma vie. Pas les passer en revue, non, les repasser vraiment, c'est-à-dire les rendre lisses. Je voulais me laver, me préparer comme une mariée, je voulais que ce petit être, s’il devait venir au monde, me trouve purifiée, libérée, je voulais que rien de mon passé ne puisse peser sur lui. Je ne suis pas sûre d’y être parvenue, mais j’ai mis tout mon cœur à cette œuvre – me libérer pour lui faire de la place, et le sentir prendre possession de tout l’espace.
Enfin, après neuf mois bien pleins, une excitation féérique remplit mon air. Je frétillais d’impatience comme les enfants au soir de Noël.
Et les contractions sont venues. Pour la première fois je les attendais. Pour la première fois je les accueillis comme des alliées. Je respirais au rythme des vagues qui m’assaillaient. C’était fort, c’était puissant, je me sentais vivante comme jamais. J’avais attendu huit ans ce moment et il arrivait. J’accouchai pour la troisième fois, et pour la troisième fois sans péridurale, parce que je voulais tout vivre en entier. Mais pour la première fois, le petit être dont je découvris le sexe en l’attrapant par les fesses me regarda. Et je le regardai.
Puis, apaisée, ma fille s’endormit contre moi.
Pour nous une nouvelle ère commençait.
Enfin une vie m’était confiée
J’allais pouvoir prendre soin d’elle.

dimanche 1 novembre 2009

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comme une rivière


Notre maison est parfois bien rangée. On voit le vide entre les livres, entre les meubles. On ne trébuche pas quand on marche. On peut marcher la tête en l'air, l'esprit libre. L'endroit se prêterait presque à la méditation. Mais que Pistache se lève, et on peut suivre son passage à la trace. Comme les vagues de la mer, elle dépose sur son sillage tout ce qui s'est trouvé à sa portée. Des jouets, des choses diverses et variées qu'elle a réussi à attraper. Comme elle monte de plus en plus haut, il y a de plus en plus de ces petites choses .. Alors je la suis et ramasse, tentant de lui apprendre l'ordre. Elle m'aide un peu .. avant de passer à autre chose. Il semble que sur ce point, nous n'ayons pas les mêmes valeurs. Pistache ne fait pas le vide, elle fait le plein, toujours (sauf celui de son estomac). La vie n'attend pas ! Et oui, notre fille est comme une rivière, dit son père qui, souvent, a de jolies expressions dans ce français qui n'est pas sa langue maternelle.
(image pub Clayeux)