dimanche 28 février 2010

Complices


On me dit qu'un enfant n'a pas besoin de frères et de soeurs, que ceux là viennent plutôt l'envahir, capter l'attention de ses parents, voler son espace vital. Zut alors, serait-ce si dur, la fratrie ?
Myrtille grognait ce matin. Le vent l'avait réveillée depuis longtemps, et elle n'avait personne avec qui jouer. Alors elle râlait. Je l'amusais un peu, mais un peu seulement .. Puis Pistache s'est réveillée à son tour. Myrtille s'est mise à crier de joie. Pistache frottait ses yeux pleins de sommeil quand elle a aperçu sa soeur. Alors ses prunelles noires se sont mises à pétiller. Pistache a bondi vers sa soeur, et est venu toucher son nez tout doucement, en chantant une petite musique qui ne semble avoir été crée que pour elles deux et dont elles fredonnent l'air tout bas, comme en secret. J'ai tendrement secoué le bras de mon mari pour qu'il ouvre les yeux et nous avons regardé nos filles, émus et curieux face à leur jolie pantomime. Myrtille essayait d'imiter tous les gestes de Pistache qui, du coup, bougeait tout doucement pour que sa soeur puisse la suivre. Un vrai moment de grâce ...

vendredi 12 février 2010

le poids du plaisir

on s'attend souvent à payer pour le plaisir qu'on prend. Vieille croyance judéo-chrétienne ?
Quand on prend trop de plaisir à manger, on prend du poids. Et quand on prend du plaisir à materner ? Elisabeth Badinter, dans une interview accordée à "Libération", parle de nos pratiques réactionnaires. En lisant ses propos rapportés, je pense au poids de la maternité non désirée, au poids des enfants qui empêcheraient de vivre. Au poids des responsabilités. Pesant, pesant, pesant ... tout ça. De quoi ne plus pouvoir tenir debout ?
Au fond, je prendrais bien ce poids si j'en ai pour mon compte de plaisir, si j'ai une bonne part de gâteau. Quand j'attendais des bébés qui ne venaient pas, j'aurais bien troqué tout ce poids contre le plaisir que j'imaginais. Ce que je n'imaginais pas, c'est que ce plaisir serait cent fois, mille fois plus grand que tout ce dont j'avais rêvé. Ce que je n'imaginais pas, c'est que la grossesse, l'accouchement, la naissance iraient bien au-delà de mes espérances. Oui, c'était bien ma quête, mon Saint Graal. La grande coupe qui ouvre par dessus le monde et fait voir l'univers tout entier, ouvre sur les plus grands mystères et nous fait nous sentir BIEN au monde. Dans la maternité je me suis rencontrée, je me suis retrouvée, et j'ai aimé comme jamais je n'avais aimé.
Avec mes filles, j'ai découvert de nouveaux mondes, emprunté de nouveaux chemins, et je sens bien que tout cela ne fait que commencer. Mes enfants, loin d'être un poids, sont une énergie qui m'allège - de mes idées préconçues, de mes croyances limitantes, et d'une vision du monde trop étroite. Avec elles, je sors du cadre, mon monde s'est agrandi, mes apprentissages se sont accélérés, mon amour s'est décuplé. J'avançais à pied, depuis qu'elles sont là c'est comme si j'avais mis des bottes de 7 lieues pour gravir ma montagne personnelle.
Et puis l'allaitement, n'en déplaise aux grincheux, c'est un bon vieux truc de paresseuse radine. Pas besoin de faire des courses, d'enrichir les industries agro alimentaire et plastique, de préparer des biberons, de se poser mille questions sur le BPA et l'alimentation des vaches à lait. On voyage léger et serein, la nourriture est là, tout contre le coeur, disponible à tout moment, à bonne température et à qualité idéale. Mes filles, je les balade, elles découvrent le monde avec moi, elles aiment les musées, les jardins, et mêmes les rendes-vous professionnels.
Alors elle n'est pas belle la vie ?