« Pense à mettre un frein à la toute puissance de l’enfant » m’écrit une amie, fort gentille au demeurant, qui ne connaît pas mes filles. Toute puissance ? De quel côté est-elle, la toute puissance ? Qui a le plus de pouvoir sur l’autre ? N’est-ce pas le parent, qui peut décider que ce n’est pas l’heure de manger quand son bébé a faim, qui peut, sans prévenir, le soustraire à son activité pour l’emporter n’importe où, qui peut décider que son bébé « pleure pour rien » (est-ce possible, vraiment ??) et le laisser seul à son chagrin ? Et je passe tous les sujets de maltraitance « reconnus » … Je n’ai jamais encore rencontré de démonstration de toute puissance chez mes filles.
Quand je demande un exemple pour comprendre cette formule rhétorique, on m’explique que les enfants nous testent pour nous en faire voir de toutes les couleurs. Là non plus, je ne connais pas. Par encore ? Peut-être, nous verrons ce que l’avenir nous réserve. Lundi, Pistache a passé deux heures à la halte garderie. Au retour, elle fait une chose étrange. Elle me demande du fromage, en mange la moitié, pose délicatement l’autre moitié par terre, met son pied au dessus –en se gardant bien de le poser vraiment sur le fromage- et me regarde. Elle me teste ? hum … Il me vient cette question que je lui pose « quelqu’un t’a marché sur le pied tout à l’heure, on t’a bousculée ? » Elle m’adresse un regard approbateur, ramasse le morceau de fromage et me le tend. Non, je ne crois pas que ma fille m’ait testée. Je crois seulement qu’en l’absence de mots, elle a mimé l’expérience qui l’avait contrariée.