mercredi 11 novembre 2009

Te voici


"L'enfant qui naît n'est pas petit, mignon, charmant ! Il est une étincelle du feu divin, de cet amour infini qu'est la vie." Frédérick Leboyer, dans Célébrer la naissance, éditions Seuil.
Myrtille vient de s'endormir contre moi, elle sourit comme une bienheureuse et son souffle contre ma poitrine m'apaise et me comble. Plénitude du nouveau né, plénitude de sa mère ... Alors que je remplis un questionnaire sur l'accouchement, je retrouve cette plénitude originelle, celle de notre rencontre. A ce jour, je ne connais pas d'amour plus fort que celui qui me lie à mes filles. Non, je ne rêve pas d'un autre type d'accouchement, d'une maison de naissance ; oui, l'hôpital peut être un lieu merveilleux, il l'a été 2 fois déjà pour moi, pour nous. Non, je n'ai jamais eu trop peur, juste un peu parfois. Non, je n'ai jamais cru que je n'y arriverai pas, j'avais toutes mes grand-mères et les grand-mères de mes grand-mères et leur expérience avec moi. Oui, je me suis sentie submergée, je me suis laissée porter, et ce lacher prise a permis que je m'ouvre en totalité à la VIE qui jaillissait. Non, je ne voulais pas de péridurale, je voulais être avec mon enfant, tout le temps, pleinement consciente, pleinement présente. Je ne voulais pas qu'une seule de mes cellules manque cette expérience incroyable qu'est la naissance. Je voulais accompagner mon enfant, quoi qu'il m'en coûte, et j'ai eu la chance qu'il ne m'en coûte pas trop. Je ne connais rien de plus fort, rien de plus beau, rien de plus initiatique qu'une naissance. Je voulais vivre cette expérience. Pendant 8 ans je tempêtais qu'elle m'échappe, puis, enfin, elle est venue, la naissance d'un enfant VIVANT.
Voilà bientôt 2 ans que Pistache est née. Voilà bientôt 2 ans qu'elle fait route avec nous, et que nous faisons connaissance. Je fais à nouveau ce chemin avec vous en vous offrant les derniers mots du livre "Marie-Kerguelen"


Et puis le temps venu, la vie revint nous bercer d’espoir. Un bébé commençait à prendre chair. Bravant ma peur de souffrir, je décidai de tout lui consacrer. Je m’arrêtai de travailler. Je ne sortais presque pas de notre petit appartement. J’y vivais, non pas comme un otage, mais comme une religieuse cloitrée. Car j’aimais à nouveau, et j’étais pleine de ferveur. Les saisons passaient devant ma fenêtre – une belle fenêtre donnant sur un cèdre magnifique, un cèdre du Liban. Je profitais du temps qui m’était offert pour repasser les évènements de ma vie. Pas les passer en revue, non, les repasser vraiment, c'est-à-dire les rendre lisses. Je voulais me laver, me préparer comme une mariée, je voulais que ce petit être, s’il devait venir au monde, me trouve purifiée, libérée, je voulais que rien de mon passé ne puisse peser sur lui. Je ne suis pas sûre d’y être parvenue, mais j’ai mis tout mon cœur à cette œuvre – me libérer pour lui faire de la place, et le sentir prendre possession de tout l’espace.
Enfin, après neuf mois bien pleins, une excitation féérique remplit mon air. Je frétillais d’impatience comme les enfants au soir de Noël.
Et les contractions sont venues. Pour la première fois je les attendais. Pour la première fois je les accueillis comme des alliées. Je respirais au rythme des vagues qui m’assaillaient. C’était fort, c’était puissant, je me sentais vivante comme jamais. J’avais attendu huit ans ce moment et il arrivait. J’accouchai pour la troisième fois, et pour la troisième fois sans péridurale, parce que je voulais tout vivre en entier. Mais pour la première fois, le petit être dont je découvris le sexe en l’attrapant par les fesses me regarda. Et je le regardai.
Puis, apaisée, ma fille s’endormit contre moi.
Pour nous une nouvelle ère commençait.
Enfin une vie m’était confiée
J’allais pouvoir prendre soin d’elle.

5 commentaires:

  1. Elle est bien jolie-belle ton histoire.
    Ça veut dire que la fin de Marie-Kerguelen est modifiée ? Donc mon livre n'est plus le bon ? Hum ?
    Profite des vies dont tu as la charge et n'oublie pas la tienne ;-)

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  2. oui Marie un chapite a été ajouté avec la re edition chez l harmattant. ton livre .. est le bon pour son édition. à bientôt ?

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  3. C'est très jolie Gaëlle. J'aimerais le revivre aussi.

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  4. revivre la naissance de votre enfant ?

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  5. Oups, no comment.... mes joues sont inondées.... j'ai bien peur de ne jamais connaître cette magie, le "trop tard" arrive à grand pas.....

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