
J'ai passé des soirées et des nuits à refaire le monde, des semaines à marcher dans l'Himalaya, cherchant mon souffle à plus de 5000m ; voilà que le monde pour moi renaît chaque jour dans les sourires et les larmes et que les tétées nocturnes donnent lieu à de drôles de retournements. Les filles changent de lit, leur père aussi, je suis devenue la plaque tournante d'étranges phénomènes migratoires. On m'implore de laisser plutôt pleurer mes filles. Mon cerveau refuse, comment rester sourde aux appels au prétexte que les filles ont bu et n'ont pas de fièvre, raccrocherait-on ainsi au nez d'une amie qui vous appellerait dans la peine ? Mon corps refuse tout autant, dans cette maternité qui réconcilie tout mon être, mieux que toutes mes lectures philosophiques et psychologiques ne l'avaient fait auparavant. Oui, je suis un mammifère, un genre de baleine sortie des eaux, et oui, cet état primal est fort bon. En sus, il ne durera qu'un temps ...